Extrait de la lettre de la conférence nationale des mouvements familiaux

Les AFP ont entamé une réflexion au sujet du Service National Universel (SNU) et se posent un certain nombre de questions sur sa mise en place.

De nouveaux questionnements sur le sujet

Sa mise en œuvre débutera en juin 2019 pour 2000 à 3000 jeunes dans treize départements. Les AFP sont très attentives à ce projet et réfléchissent sur la possibilité d’être un lieu d’engagement pour les jeunes, soit sur la base d’un agrément national, soit sur la base d’un agrément à la demande de l’AFP dans chaque département. L’UNAF est impliquée également sur ce dossier et travaille avec le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse. Les diverses questions évoquées par les AFP ont été transmises au Ministère. 

Notre principale inquiétude est le caractère obligatoire pour des enfants mineurs, âgés de 15 ans environ en classe de seconde, de vivre quinze jours en internat. Nous déplorons que les jeunes ne soient pas sollicités à un âge un peu plus élevé et préfèrerions que les premiers essais aient lieu avec des majeurs, bien que la question des études secondaires soit à réfléchir. 

Douze à dix-huit mois d’écart entre deux jeunes est souvent synonyme d’une très grande différence de maturité. A 18 ans, ils seraient plus a même de vivre en internat. Les pères et grands-pères ne gardent pas tous un très bon souvenir de leur service militaire sur le plan de la vie commune (humiliation, promiscuité, effet de bande). Or ils étaient majeurs. 

Quel encadrement est prévu, qui permettra une surveillance adéquate pour garantir la sécurité et le bien-être des jeunes de milieux totalement différents qui vivront ensemble ? La mixité sociale dans le cadre de l’Éducation Nationale permet déjà aux jeunes de tous milieux de se côtoyer. Or on sait que le cadre existant ne permet pas d’enrayer le phénomène de harcèlement et autres relations négatives entre élèves. Bon nombre d’établissements scolaires se sentent démunis face à des actes de violence de plus en plus graves. Sans un cadre bien réfléchi à l’avance, la vie en communauté risque d’accentuer ces réalités.

Les encadrants seront-ils formés pour veiller aux bonnes relations entre les jeunes, à la protection des plus fragiles ? Quels moyens humains seront mis en place pour s’assurer que la « loi du plus fort » ne prévaudra pas et que le jeune qui n’a pas les mêmes habitudes de vie que les autres ne sera pas brimé ? 

Dans le cadre de la défense et de la représentation des familles, une autre source d’inquiétude est la liberté d’éducation des parents. Le SNU obligatoire devra respecter les choix éducatifs des parents. Or comment le garantir si un discours contraire aux choix parentaux est diffusé ? La liberté de conscience des jeunes eux-mêmes sera-t-elle pleinement respectée ? 

Comment garantir un panel suffisamment large de lieux d’engagement du SNU afin que les choix ne soient pas restreints ? Il nous parait important de s’assurer que les critères d’agrément des lieux d’engagements (associations…) pour le SNU s’alignent sur ceux du Service civique afin de proposer un choix aussi représentatif de la société civile que possible. 

Comment garantir l’accès à l’information de tous les lieux d’engagement pour les jeunes ? 

Enfin, durant la période d’internat, il semble essentiel que la liberté religieuse notamment la pratique religieuse des jeunes puisse être respectée en lien avec les détenteurs de l’autorité parentale pour les mineurs. L’Observatoire de la laïcité s’est positionné clairement sur le sujet. La présence d’aumôniers des armées peut être une solution, mais comment garantir leur présence en nombre suffisant ? Comment garantir la sécurité des données personnelles des “appelés” et de leur famille (pour les mineurs) notamment sur les convictions religieuses, philosophiques, politiques… ? (Loi RGPD) 

Un bilan de compétences simplifié est prévu sous la forme d’entretien individuel permettant de situer le jeune au regard de ses éventuelles difficultés sociales et familiales. Comment ces données seront-elles traitées ? 

 

Par Marie-Françoise BOUGEOT, déléguée AFP à la conférence des mou.

La Fédération Nationale des Associations Familiales Protestantes a pour mission de représenter, de défendre, les familles issues de la réforme ainsi que toutes celles qui se retrouvent dans ses valeurs. Localement, ce sont un peu plus de 160 175 AFP qui développent des actions de solidarité familiale, qui gèrent des établissements scolaires, des centres de loisirs, animent des ateliers à la parentalité, prennent soin de leur prochain.

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