Fédération Nationale des AFP

Déclaration AFP à la la Conférence des Mouvements

Il est évident que pour se positionner sur le sujet de la fin de vie, le tout « pour » ou le tout « contre » n’apporteront pas d’éclairage satisfaisant.

L‘objectif de toute réflexion est de conduire à des actions porteuses répondant aux intérêts des familles. Pour cela, il est nécessaire de prendre en considération les deux axes suivants :

– l’ensemble des réalités vécues par les familles concernées.

– les valeurs et principes qui nourrissent notre foi et qui construisent la personne et ses liens avec les autres.

Dans son discours, Pour une justice française qui ne soit plus une justice qui tue 1, du 17 septembre 1981, devant l’Assemblée Nationale, Robert Badinter, disait avec beaucoup de respect. 

« Pour ceux d’entre nous qui croient en Dieu, lui seul a le pouvoir de choisir l’heure de notre mort ». 

Nous croyons que chaque homme et chaque femme, indépendamment de ses conditions de vie, a une valeur inaltérable, du fait même de son appartenance à l’humanité. Cette conception de la personne humaine refuse de voir la dignité de chacun d’entre nous comme un bien périssable qui diminuerait avec les années ou les facultés physiques et cognitives.

Au contraire, notre foi nous incite à l’amour, à l’attention et à la prise en compte des soins spécifiques. Nous rappelons qu’un plan d’expertise en faveur des soins palliatifs lancé en 2021 est en place jusqu’en 2024. Ces soins, nous les devons aux plus fragiles de notre humanité. Cette vision de l’être humain est au cœur de nos valeurs protestantes et détermine notre conception de la vie, de l’homme et de la société. Notre refus de soutenir un projet ou une proposition de loi qui aboutirait à «une aide active à mourir » s’appuie sur plusieurs arguments :

  • L’interdiction d’ôter la vie à quelqu’un est une valeur universelle,
  • Disposer de sa vie ou de celle de ses semblables est une manière de disposer de ce qui ne nous appartient pas. C’est le produit d’une forme revendiquée de liberté humaine qui veut s’affranchir de toute limite.
  • La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et la Déclaration universelle des droits de l’homme impose en droit français, stipule que chaque être humain est couvert d’une dignité fondamentale qui ne saurait se dégrader avec l’âge ou l’appauvrissement des facultés. Nous en sommes convaincus
  • La compassion envers celui qui souffre et la prise en compte de ses souffrances sont l’objectif que servent les soins palliatifs et que nous soutenons, pour un accompagnement digne des personnes en fin de vie, quel que soit leur âge.
  • Sur le plan médical les termes du serment d’Hippocrate obligent : « Je ne remettrai à personne du poison si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion ». Déclinant cet impératif, le code de la santé publique en son article L. 4127-38 stipule : « Le médecin doit accompagner le mourant jusqu’à ses derniers moments, assurer par des soins et des mesures appropriés la qualité d’une vie qui prend fin, sauvegarder la dignité du malade et réconforter son entourage. Il n’a pas le droit de provoquer délibérément la mort. » Que pourrait induire sur la relation soignant-patient la possibilité pour le médecin d’assister son patient dans sa démarche de mettre fin à ses jours 2.

Comme le dit très justement David Roy, professeur d’éthique à Montréal : 

« Si l’euthanasie devient un jour légalement, socialement, moralement acceptable, les pressions que l’on mettra sur les personnes qui représentent un poids important pour notre société pourraient bien augmenter. (…) Je ne suis pas sûr non plus que nous serons capables de résister à toutes les raisons fortes pour lesquelles on estimera devoir euthanasier ceux qui ne peuvent plus demander la mort eux-mêmes, mais dont on estimera, de notre point de vue extérieur, que la vie n’a plus de sens 3

C’est pourquoi nous invitons les autorités de notre pays à faire le choix de la vie et non celui de la mort. Nous attendons qu’elles réaffirment le droit de chacun d’être aidé à vivre et jamais à mourir et nous souhaitons que le Gouvernement mette en place les moyens nécessaires au développement des soins palliatifs, conformément aux engagements qu’il a pris afin de garantir à tous les français de bonne condition de prise en charge 4.

Robert Badinter. https://www.amnesty.fr/peine-de-mort-et-torture/actualites/17-septembre-1981-discours-de-robert-badinter

Avis N°121 du CCNE, «Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir», p. 45. https://www.ccne- ethique.fr/sites/default/files/2021-02/avis_121_0.pdf Consulté le 20/09/22.
*Parole d’expert du 29.6.2022 Olivier Rey Faut-il légaliser l’euthanasie ?

Marie de HENNEZEL, Nous voulons tous mourir dans la dignité, Paris, Robert Laffont, 2013, p. 126.
4 www.gouvernement.fr/actualite/cinquieme-plan-national-pour-les-soins-palliatifs , site consulté le 19/12/2022 à 6h.

Par Marie-Françoise BOUGEOT, déléguée des AFP à la conférence des mouvements familiaux de l’UNAF.

Articles récents

Laisser un commentaire

INSCRIPTION NEWSLETTER

Fédération Nationale des AFP
Pour vous abonner à notre Newsletter, veuillez remplir le formulaire ci-dessous.