Communiqué FNAFP – 6 février 2025
Information aux Associations familiales protestantes
Loi Evars et le programme scolaire d’éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité
Ce texte a été accepté́ le 29 janvier 2025 par le Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE). Il convient de bien regarder les objectifs de ce programme afin de bien l’appréhender pour mieux affirmer nos convictions et valeurs de la famille.
Grandes lignes du programme Evars et réflexion :
Ce texte informe au préalable : “Les professeurs et les personnels sociaux et de santé de l’éducation nationale sont déjà̀ formes à cet enseignement. Toutefois, pour mieux accompagner, de nouvelles formations seront organisées à partir du second trimestre 2025.” (Extrait du texte sur la loi Evars du 29/01/2025).
Les quatre objectifs de ce programme Evars sont les suivants :
L’apprentissage du vivre ensemble et notamment du respect de l’autre dans son corps et dans son intimité́ est un apprentissage qui démarre au sein de chaque famille. L’école accompagne ces apprentissages au vivre ensemble car c’est l’un des principaux lieux des apprentissages collectifs et sociaux.
Le respect de l’autre dans son corps et l’éducation à comprendre ce qu’est l’intimité́ de soi et de l’autre résume l’essentiel de ce programme qui consiste en trois séances par an adaptées à chaque Age conformément à la loi déjà en vigueur depuis 2001.
Des programmes progressifs, adaptes à l’Age des élèves :
Les questions liées à la sexualité ne seront finalement pas abordées dans le programme du 1er degré comme prévu dans le texte de décembre 2024. L’éducation à la sexualité est uniquement maintenue dans le programme du 2nd degré. Elle inclut des notions biologiques d’anatomie et de reproduction, de prévention des risques ainsi que des notions liées aux droits humains.
Devant une recrudescence des abus et des violences intra familiales, ce programme a vocation à favoriser la parole de l’enfant durant ces temps d’enseignement à la vie affective et relationnelle. Nous sommes là dans un objectif de prévention face aux risques d’inceste, de maltraitance, de violence, d’agression sexuelle et de harcèlement. Pour les jeunes du second degré, il crée un espace favorable au dialogue et à la discussion, et s’inscrit entre autres dans la prévention et lutte contre les discriminations et les réseaux pornographiques.
Dorénavant, ce programme sera normalement dispensé par les enseignants.
Pour rappel : les enseignants ont un devoir de neutralité. Ce principe de neutralité signifie que l’agent a l’interdiction absolue de manifester ses opinions politiques, philosophiques ou religieuses dans l’exercice de ses missions.
L’avis de la Fédération nationale des Associations familiales protestantes
Tout d’abord, la Fédération nationale des AFP se satisfait de la prise en compte, par les pouvoirs publics, de certaines recommandations formulées par l’UNAF (Union nationale des associations familiales) lors de ses auditions, notamment le retrait des questions liées à la sexualité pour les élèves du 1er degré, ainsi que la réalisation des séances du programme par les enseignants plutôt que par des intervenants extérieurs, comme c’était le cas dans la majorité des situations.
Sur ce point, nous souhaitons être attentifs afin de s’assurer de l’absence de toute forme de militantisme dans le cadre de ce programme. Nous regrettons toutefois que le droit des familles à être informées précisément du contenu des séances et des modalités de mise en œuvre n’ait pas été retenu. Nous réaffirmons l’importance et notre attachement au rôle des parents comme premiers et principaux acteurs de l’éducation de leur(s) enfant(s), l’Éducation nationale ne peut s’y substituer !
La Fédération nationale et les Associations familiales protestantes dans leurs missions de défense et d’accompagnement des familles dans leur quotidien, s’inscrivent globalement dans cette dynamique d’éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité notamment en termes de prévention et de lutte contre toutes formes de violences intra familiales, contre le harcèlement et les discriminations. Elles s’inscrivent de plus dans une dynamique de la parole donnée à l’enfant, aux jeunes et aux parents. Cependant, nous ne pouvons rejoindre la pensée sous-jacente d’une partie du programme Evars sur l’identité́ de genre même si cette expression n’est pas formulée comme telle dans le texte. En effet, “Les discours sur le genre placent l’individu résolument au centre de la réflexion. La vision du monde est centrée sur l’individu avec son ressenti, ses expériences, ses croyances et ses discours. […] Une vision chrétienne du monde présuppose que Dieu est à l’origine de toute chose. […] C’est lui qui a créé l’humanité mâle et femelle et lui a donné une place de choix dans la création. […] Les discours sur le genre insistent sur la nécessité de la déconstruction des normes cisgenres et hétérosexuelles. Les chrétiens se remettront à Dieu et à l’enseignement de l’Écriture comme base pour construire une norme structurante et bienfaisante pour l’humanité telle qu’elle a été pensée par son Créateur.”[1]
Notre société est en mutation ! Le type de famille est multiple et les défis sont nombreux et chacun à sa manière a besoin d’accueil bienveillant, d’écoute et de soutien. L’exposition des jeunes à la pornographie et aux contenus inappropriés constitue un défi majeur, fragilisant leur construction identitaire et leur bien-être. Il est essentiel que familles, éducateurs, enseignants et communautés chrétiennes unissent leurs efforts pour les protéger et les accompagner. C’est pourquoi, nous encourageons chaque membre des Associations familiales protestantes à être “sel et lumière” à l’exemple de Christ, à s’enraciner dans la foi en lui, à proposer et à démultiplier dans la mesure du possible des actions de terrain comme le soutien à la parentalité (café parents, conférences, soirée débat…), des groupes de paroles pour et avec les jeunes afin de les accompagner dans ces problématiques, participer à ceux éventuellement mis en place au sein des établissements scolaires et toutes autres initiatives pertinentes en faveur des familles.
[1] Marie-Noëlle Yoder, Quand genre, culture et foi s’entrechoquent, Editions Mennonites 2023, p 47 – 49
La Fédération nationale souhaite continuer à être une ressource pour équiper et accompagner les Associations familiales protestantes locales afin qu’elles puissent accomplir de mieux en mieux leurs missions, en développant davantage d’outils comme des webconférences, sites internet, colloques, formations, etc…
Les parents, premiers éducateurs, jouent un rôle clé dans l’apprentissage des valeurs fondamentales, tandis que les enseignants accomplissent une mission pédagogique complémentaire. Face aux mutations sociétales, la Bible nous rappelle l’importance de la transmission et de la vigilance : « Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre ; et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas » (Proverbes 22 : 6).